D'après « La légende des mois », paru en 1881)
Avant Jules César, l'année romaine commençait au 1
er mars ; le mois dont nous racontons la légende occupait par conséquent le
cinquième rang ; on l'appelait
quintilis(cinquième) pour cette raison. L'année même de la mort de Jules César,
44 ans avant Jésus-Christ, Marc-Antoine, voulant honorer la mémoire du
conquérant des Gaules, fit remplacer le nom de
quintilis par celui de
julius (Jules). De
julius nous avons fait
juillet. Le poète Ausone a personnifié ce mois sous les traits « d'un homme dont les membres sont brunis par le soleil et les cheveux liés de tiges et d'épis ».
Juillet nous amène les grandes chaleurs ; le 19 de ce mois finit
messidor dans le calendrier républicain et commence
thermidor, nom dérivé d'un mot grec qui veut dire chaud, et dont la racine se retrouve dans les mots
thermomètre,
thermes,
etc., qui signifient : mesure de la chaleur, eaux chaudes, etc. C'est
en juillet, en effet, que se produisent dans notre hémisphère les
températures les plus élevées. Il semblerait que la plus forte
température de l'année dût arriver le 21 juin, au solstice d'été. Il
n'en est rien ; elle se manifeste un certain nombre de jours après.
La température n'est pas un effet
instantané de la présence du soleil; elle est le résultat de
l'accumulation de la chaleur à la surface de la terre. Elle augmente,
même après le 21 juin, tant que la diminution de la hauteur du soleil
et la durée des jours est peu sensible. C'est par la même raison que la
plus haute température de la journée est à 2 heures, et non à midi; que
le maximum annuel a lieu vers le 15 juillet, et non au solstice d'été ;
que la plus basse température de l'année a lieu en janvier, et non au
solstice d'hiver.
En juillet, les jours diminuent de 58 minutes. C'est en juillet que commencent les jours
caniculaires,
pendant lesquels, disent les proverbes, il faut se méfier des ardeurs
du soleil. A cette époque de l'année, la belle étoile qu'on nomme
Sirius se lève et se couche en même temps que le soleil ; les croyances
populaires attribuaient à la présence de cette étoile les chaleurs plus
vives de juillet, et, comme Sirius fait partie de la constellation du
Chien, en latin
canis, dont le diminutif est
canicula (petite chienne), l'époque des températures élevées fut appelée
canicule.
La canicule, qui tombe actuellement en
juillet, est pour nous l'indice des grandes chaleurs de l'été. Mais le
soleil ne se retrouve pas exactement au bout d'une année à la même
place dans le ciel ; il est en retard, et ce retard augmentant tous les
ans, le soleil se lèvera dans la constellation du Grand Chien
successivement en août, en septembre, en octobre, et enfin en plein
hiver. De telle sorte que, dans quelques milliers d'années, nos
petits-neveux accuseront peut-être la canicule de ramener sur la terre
les froids rigoureux de l'hiver !
En juillet, les Grecs célébraient une de leurs plus grandes fêtes : les Panathénées, en l'honneur de Minerve. Minerve, déesse de la sagesse, des arts, des sciences, naquit tout armée du cerveau de Jupiter ; les Grecs l'adoraient sous le nom d'Athéné. Ce fut Minerve qui donna son nom à la ville que Cécrops avait fondée dans l'Attique, Athènes, et qui dota ce pays de l'olivier. Un temple magnifique lui avait été élevé dans cette ville : le Parthénon, dont le nom, en grec, signifie vierge. Dans ce temple était une statue en or et en ivoire de la déesse, due au ciseau de Phidias. Minerve était représentée « debout, ayant une pique à la main, un bouclier à ses pieds, une tête de Méduse sur l'estomac, et tenant dans sa main droite une statue de la Victoire. » Méduse était une divinité de la mer, dont la tête fut coupée par Persée et qui changeait en statue de pierre tous ceux qui osaient la regarder.
|
|
Cicéron prétend que le nom de Minerve a été donné à cette déesse
quia minatur, parce qu'elle menace. D'autres auteurs supposent que ce nom est une contraction du mot
Meminerva (du latin
memini, je me souviens), parce qu'elle était la déesse de la mémoire. Suivant d'autres, ce nom a la même racine que le grec
menos, le latin
mens, le sanscrit
mena, l'anglais
mind, qui tous signifient intelligence. Les Etrusques désignaient cette déesse sous le nom de
Menrfa.
Les fêtes de Minerve, les Panathénées, se
composaient de petites et de grandes cérémonies. Le nom de ces fêtes,
formé de deux mots grecs,
pan, tout, et
Athéné, Minerve,
indique qu'elles étaient célébrées par tous les adorateurs de la
déesse. Les petites Panathénées avaient lieu tous les ans, à la fin
d'avril et au commencement de mai. Elles duraient plusieurs jours et se
composaient de combats d'athlètes, de courses à pied dans lesquelles
chaque coureur tenait une torche allumée à la main, de concours de
musique, de chant et de danses. Le vainqueur recevait une couronne
d'olivier et un vase d'huile.
| Les grandes Panathénées ne se célébraient que tous les cinq ans, au commencement de juillet. Elles prenaient les mêmes cérémonies que les Panathénées annuelles, et, de plus, le transport solennel du péplum de Minerve. Cette draperie, analogue au vêtement de même nom que portaient les femmes grecques, était blanche, parsemée de clous ou boutons d'or, ornée de broderies en or représentant le combat de Minerve contre les Titans et les exploits des grands hommes. Le péplum était porté en grande pompe et suivi d'une foule immense formant un long cortège...
|
On suspendait le péplum, comme une voile,
au mât d'un vaisseau construit de manière à pouvoir se mouvoir sur le
sol comme un chariot : c'était le vaisseau panathénaïque, spécialement
consacré à Minerve... En tête du cortège marchaient des vieillards des
deux sexes tenant à la main un rameau d'olivier ; voici des hommes
armés ; puis les
scaphéphores, étrangers établis dans l'Attique portant des vases qui contiennent le miel et les gâteaux destinés aux sacrifices ; voici les
hydriophores,
femmes portant des urnes pleines d'eau. S'avancent alors les éphèbes,
vêtus de la chlamyde, chantant l'hymne de la déesse ; les
canéphores, jeunes filles portant les corbeilles sacrées...
On décernait aux vainqueurs un vase
sculpté, le vase panathénaïque. On décernait encore une couronne d'or
aux citoyens qu'on voulait honorer d'une manière exceptionnelle. Cette
récompense avait été décernée au grand orateur Démosthène. Le poète
Eschine voulut faire annuler le décret et Démosthène obtint qu'il fût
maintenu en prononçant devant le peuple assemblé le Discours pour la
couronne. Phidias a représenté toute la pompe des grandes Panathénées
dans des sculptures admirables qui décorent la frise du Parthénon.
Les Romains célébraient tous les ans, le 6 juillet, les Apollinaires, fêtes instituées en l'an 358 de Rome, pendant la seconde guerre punique, pour obtenir d'Apollon la victoire sur Annibal. Ces fêtes duraient huit jours ; elles étaient célébrées au cirque Maxime, monument colossal de 670 mètres de long et de 176 mètres de large, situé entre les monts Aventin et Capitolin, et qui contenait 16 000 spectateurs.
|
Fête des Panathénées : les Scaphéphores, les Hydriophores, les Éphèbes, les Canéphores, le Péplum |
|
Le 3 juillet on fêtait à Rome le
Poplifuge,
en souvenir de la retraite du peuple sur le mont Aventin après la prise
de Rome par les Gaulois. Le jour des nones de juillet s'appelait
Nones caprotines et était consacré à Junon ; c'était la fête des Servantes. Le 14 commençaient les
Mercuriales, qui duraient six jours ; on fêtait Mercure avec la plus grande simplicité. Le 18 avaient lieu les
Lucariennes, en l'honneur du bois sacré,
lucus, dans lequel les Romains battus par les Gaulois avaient trouvé un refuge. Le 25 avaient lieu simultanément les
Furinales, en l'honneur de
Furina, déesse des voleurs ; les
Ambarvales, en l'honneur de Cérès. On faisait une procession autour des blés avant la moisson.
En juillet le soleil entre dans la constellation de l'Écrevisse (Cancer). D'où vient ce nom : l'
Écrevisse ? Les anciens disaient à tort, et on le répète parfois encore aujourd'hui, que l'écrevisse « marche à reculons et obliquement ».
Le soleil, arrivé le 21 juin au plus haut point de sa course, commence,
à partir de cette époque, à redescendre, à rétrograder, à marcher à
reculons : de là le nom d'
Écrevisse donné à la constellation dans laquelle le soleil entrait il y a deux mille ans, vers le 21 juin.
En juillet comme en juin, les travailleurs
des champs redoutent l'abondance des pluies et manifestent leurs
craintes à peu près dans les mêmes termes que pour le mois précédent.
Quand il pleut à la Saint-Calais, Il pleut quarante jours après. S'il pleut le jour de Saint-Benoît, Il pleuvra trente-sept jours plus trois. S'il pleut le jour de Saint-Victor, La récolte n'est pas d'or.
|
Nous sommes, en effet, en pleine moisson des
céréales et la pluie peut contrarier la rentrée des récoltes ; à partir
du 15 juillet on coupe les seigles, les orges, les avoines d'hiver et
les blés dans le midi de la France... Nous approchons de la moisson.