Extrait du Journal La Montagne
Au collège et au lycée, le téléphone portable est omniprésent. Les établissements de l'agglo disent le tolérer, éteint, dans le cartable. Il est en réalité allumé en permanence, sur vibreur.
Mathilde Duchatelle
Ne pas se faire prendre, c'est un sport quotidien. Les collégiens et lycéens de l'agglomération moulinoise ont l'air d'être plutôt forts à ce jeu-là. Tant que la sonnerie ou la vibration ne les trahit pas.
« Personne ne l'éteint. En tout cas très peu », affirme Perrine, lycéenne à Banville. « On est tous sur silencieux ou sur vibreur », ajoute Joséphine. « Normalement, c'est interdit de l'utiliser pendant les cours et au self ; on peut appeler dans la cafète et dans l'enceinte extérieure », explique Perrine.
In-dis-pen-sable
Sarah, en 4e au collège Charles-Péguy laisse son portable dans sa trousse durant les cours :
« Quand je veux regarder l'heure et que le prof arrive, je fais semblant de chercher ma règle et je pousse le téléphone tout au fond. La dissimulation, c'est tout un art ! »
Parce que la communication permanente est in-dis-pen-sable pour ces collégiennes (sauf la nuit, sous la douche et à table, de leur propre aveu), elles ont développé des stratégies de groupes :
« À la récré, on s'assoit sur les bancs, on se met à cinq dessus, celle qui se cache derrière peut téléphoner », dévoile Océane, au collège Charles-Péguy. Sans oublier la cachette idéale : les toilettes.
« Les portables de certains profs sonnent en cours »
Les ados profitent « des cours ennuyeux », ou des professeurs « sans autorité » pour pianoter des SMS. « Les SMS en cours, on va être franc, ça dépend ! En maths, oui ! », s'esclaffe Perrine. « Certains profs font semblant de ne pas voir. On peut toujours se cacher derrière la trousse, un bouquin », ajoute Maël, en terminale.
Pas dupes les profs et les surveillants : « Quand ils le voient, ils nous demandent de l'éteindre et de le ranger, pour certains. D'autres savent qu'on regarde l'heure et nous laissent faire », note Mickaël, du lycée Banville. Pour un de ses camarades, la discrétion est la meilleure garantie « pour téléphoner au self ou au CDI » :
« Il faut être naturel et discret ». Le bon exemple n'est pas toujours donné : « Il arrive que les portables de certains profs sonnent en cours ! », relève Joséphine.
« Au collège, c'est un peu plus compliqué »
« En pratique, à l'internat, c'est interdit après dix heures. Mais on s'arrange, en bonne entente », explique Philippe, en terminale à Banville
« Ça marche au lycée », note une conseillère principale d'éducation. Au collège, c'est un peu plus compliqué, ils sont plus dans la provocation. Au lycée, ils ont un peu grandi. S'il y a des soucis en cours, ils savent qu'ils sont punis. On ne va pas confisquer un portable à un majeur en BTS ! »
« La confiscation, c'est rare »
« La confiscation, c'est rare, au pire, on va le chercher dans le bureau du prof », confirme un lycéen. « En général, on s'en prend une bonne réprimande ». « De temps en temps, on confisque, pour une durée extrêmement limitée. C'est moi qui le garde, dans un tiroir de mon bureau », indique Michel Laloi, principal du collège Charles-Péguy. On le restitue à l'élève une première fois, en lui donnant le principe : "cette fois je te le rends". La deuxième fois, on le restitue à l'adulte. Quand les parents viennent le récupérer, ce qui est extrêmement rare, ça clarifie les choses. »
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