Jeanne d'Arc
À qui appartient la Pucelle ?
Paysanne illettrée, Jeanne d'Arc est sortie de l'anonymat à 17 ans et son destin public s'est accompli en à peine plus de deux ans, de février 1429 à mai 1431. En dépit de cette brièveté, elle demeure 600 ans plus tard la figure la plus consensuelle et la plus troublante de l'Histoire de France.
Aujourd'hui, sa réputation transcende les classes sociales et dépasse très largement les frontières de l'Hexagone.
L'Église, bien sûr, honore la croyante fervente tandis que les anticléricaux se sont appropriés la victime d'un odieux évêque et de l'Inquisition. Les monarchistes apprécient la fidélité de Jeanne envers le roi et les républicains le fait que le pays ait pu être sauvé par une fille issue du peuple bien que son roi l'ait abandonnée. Les féministes respectent une femme qui s'est imposée dans un milieu viril sans cesser d'être elle-même.
Par-dessus tout, Jeanne d'Arc est encensée comme le symbole de la résistance à l'oppression jusqu'en Russie et en Corée. Sans rancune, les Anglo-Saxons qu'elle a combattus l'ont eux-même érigée en symbole de résistance nationale pendant la Grande Guerre de 1914-1918.
Une héroïne de tous les siècles
Christine de Pisan, première femme qui se soit vouée à l'écriture, dédie à Jeanne quelques vers de son vivant. Mais le plus bel hommage littéraire lui vient de François Villon. Né en 1431, l'année même de la mort de Jeanne, il en évoque le souvenir dans la belle
Ballade des Dames du temps jadis :
Et Jeanne, la bonne LorraineQu'Anglais brûlèrent à Rouen ;Où sont-ils, où, Vierge souveraine?Mais où sont les neiges d'antan ?Après la Révolution française, le parti monarchique ravive le souvenir de la bonne Lorraine qui ne désespéra jamais du retour de son roi !
Jeanne d'Arc est récupérée par les prophètes de la
« France éternelle », en premier lieu le grand historien républicain de l'époque romantique du XIXe siècle, Jules Michelet qui lui consacre une centaine de pages de son
Histoire de France en 1841. Républicains et nationalistes exaltent dès lors celle qui donna sa vie pour la Patrie.
De 1842 à 1849, l'archiviste Jules Quicherat, élève de Michelet, publie les volumineux comptes-rendus du procès de Jeanne d'Arc :
Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc. Ils mettent à jour la grandeur d'âme et la foi simple et solide de la jeune paysanne. Celle-ci n'est plus seulement perçue comme une héroïne nationale et une résistante mais aussi comme une authentique sainte.
https://www.herodote.net/Jeanne_d_Arc-synthese-1722.php?resume=1