Les marins de Cronstadt contre Lénine
Le 28 février 1921,
la situation est tendue à Cronstadt. Les marins de cette célèbre base
navale russe, en face de Petrograd (Saint-Pétersbourg), ont témoigné
plusieurs fois dans le passé de leur engagement en faveur de la démocratie et du socialisme.
Cette fois, ils s'insurgent contre la dictature du parti communiste. Trois ans après la Révolution d'Octobre, ils ne supportent plus Lénine et les bolcheviques.
Ces derniers subjuguent les conseils d'ouvriers, de paysans et de soldats (en russe, conseil se dit
«soviet»).
Bien que la guerre civile soit terminée, ils multiplient les exécutions
sommaires, réquisitionnent les récoltes et réduisent les paysans et les
prolétaires des villes à la famine.
A Cronstadt, l'équipage du cuirassé Petropavlosk réclame la
réélection des soviets, la liberté d'expression pour les socialistes, le
droit pour les paysans et les artisans de travailler librement à la
seule condition de ne pas employer de salariés...
L'initiateur de la résolution, un certain Petritchenko, appelle de
ses voeux une troisième révolution après celles de 1905 et 1917. Il est
rejoint par l'équipage du cuirassé Sébastopol, lui-même guidé par un
mécanicien du nom de Perepelkine.
La résolution du
Petropavlosk est adoptée à Cronstadt au
cours d'un meeting qui réunit 12.000 personnes. Un comité
révolutionnaire présidé par Petritchenko prend le commandement de la
ville. Cette
«Commune» va durer seize jours.

Mais à Moscou, Trotski, commissaire à la guerre, demande au futur maréchal Toukhatchevski de réduire la rébellion.
Les soldats de l'Armée Rouge s'emparent de Cronstadt en progressant
sur la surface gelée du golfe. Après la reddition de la citadelle et la
fuite des meneurs en Finlande, ils se vengent de leurs frayeurs dans un
bain de sang.
Lénine tire très vite les enseignements de la révolte. Dès le 12 mars
1921, il annonce devant le Congrès de son parti la mise en oeuvre d'une
Nouvelle politique économique (NEP) destinée à relancer l'initiative paysanne.
Dans le même temps, il liquide les derniers partis politiques à
l'exception du parti communiste et interdit toute forme de discussion au
sein de celui-ci.
Source : Herodote