La mort, une affaire de gros sous ?
En 1981, déjà, Jacques Attali, alors conseiller du président François Mitterrand, avait entrevu cette tendance dans un livre d’entretiens (« L'avenir de la vie », Michel Salomon, Seghers) : « Dans une société capitaliste, des machines à tuer, des prothèses qui permettront d'éliminer la vie lorsqu'elle sera trop insupportable, ou économiquement trop coûteuse, verront le jour et seront de pratique courante. Je pense donc que l'euthanasie, qu'elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future ».
La dystopie attalienne est devenue réalité dans plusieurs États occidentaux, à savoir dix États américains, les Pays-Bas, la Suisse, la Belgique, l'Espagne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada (mais pas le Japon, qui demeure réticent au droit à l'euthanasie).
En juin 2016, le Parlement d'Ottawa a voté la loi C-14 qui a mis en place l'Aide médicale au suicide (MAiD, Medical Assistance in Dying). Peut en bénéficier toute personne qui juge ses conditions de vie intolérables. En mars 2023, la loi pourrait l'étendre aux mineurs « matures » et aux malades mentaux. D'ores et déjà, 5% environ des décès relèvent de la MAiD mais des médecins déplorent que des dépressifs et des malades y aient recours alors que des soins appropriés pourraient leur rendre goût à la vie. Le gouvernement progressiste de Justin Trudeau n'a cure de ces réserves. Il préfère écouter ses services qui évaluent à une centaine de millions de dollars les économies annuelles en dépenses de santé générées par l'élimination de ces personnes .