mimi1260 Moderateur
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fidèle en amitié
| Sujet: Les camisards Dim 13 Mar 2022 - 14:02 | |
| 1702-1704 - Les camisards inventent la guérillaPendant deux ans, à la fin du règne du Roi-Soleil, dans le massif cévenol, au nord de Nîmes, une poignée d’artisans et de paysans a tenu tête à la meilleure armée d’Europe et mobilisé contre elle pas moins de 25 000 soldats et deux maréchaux de France. Elles inventent la guérilla, cent ans avant les Espagnols ! Assemblée de Protestants surprise par des troupes catholiques, Charles Girardet, 1842, Mialet (Gard), musée du Désert. Le mouvement des « petits prophètes »Après la Révocation de l’Édit de Nantes, les trois quarts des huguenots sont restés dans le royaume de France. Ceux qui refusent d’abjurer sont contraints à la clandestinité. Pour célébrer leur culte, ils se réunissent secrètement dans des lieux isolés, nn l’absence des pasteurs, chassés du royaume. Ces « assemblées du Désert » sont animées par des fidèles appelés « prédicants ». Quiconque assiste à l’une de ces cérémonies risque la prison ou les galères. Pour les prédicants, c’est la potence. Mémorial des petits prophètes, au pied des falaises de la forêt de Saou (Drôme).En 1700, les Cévennes sont gagnées par une prédication sans équivalent dans la tradition protestante française. Elle est le fait de « petits prophètes », pour la plupart des enfants ou des femmes sans instruction qui annoncent la destruction prochaine de l’Église romaine et exhortent les convertis au retour à la foi.À la mi-juillet 1702, l’abbé du Chayla, inspecteur des missions dans les Hautes-Cévennes et cheville ouvrière de l’intendant Basville pour la traque des huguenots, fait arrêter sept jeunes protestants qui cherchent à gagner Genève. Les familles des détenus viennent implorer la clémence de Chayla. Peine perdue.La nouvelle de l’arrestation vient aux oreilles d’un jeune prophète cévenol, Abraham Mazel. Il regroupe une soixantaine d’hommes armés de fusils, de pistolets, de pioches et de faux et attaque la maison de l’abbé du Chayla. C’est le début de la guerre des Cévennes.Un mois plus tard, les insurgés subissent une lourde défaite et perdent plusieurs meneurs. L’intendant Basville croit la révolte matée mais deux Cévenols d’une vingtaine d’années vont reprendre le combat, le berger Pierre Laporte, dit Rolland, et un apprenti boulanger à l’apparence chétive : Jean Cavalier. La veille de noël 1702, Cavalier réalise son premier exploit. Avec 70 hommes, il met en déroute des troupes de la garnison d’Alès, dix fois supérieures en nombre, au Mas de Cauvi. Trois semaines plus tard, il récidive près de Nîmes, au Val-de-Barre, contraignant le comte de Broglie, à la tête des troupes royales, à se retirer. Les Montagnes Des Sevennes ou se retirent Les Fanatiques de Languedoc et les Plaines des environs ou ils font leurs courses avec les Grands Chemins Royaux faicts par lordre du Roy... Paris, BnF, Gallica.La première guérilla moderneDénommés camisards par leurs ennemis (en référence à leurs attaques nocturnes, en occitan : camisade, ou aux chemises, en occitan : camisa), les insurgés préférent se désigner comme « enfants de Dieu ». Ils profitent du relief des Cévennes, de leur connaissance du terrain et de la flexibilité de leur organisation pour harceler constamment les troupes régulières. En se rendant insaisissables, il inventent la guérilla moderne. Nicolas Auguste de La Baume de Montrevel (1645-1716), maréchal de France, Gillot Saint-Evre, 1835, Château de Versailles.Les revers infligés à l’armée royale inquiètent la cour. Le comte de Broglie est remplacé à la tête des troupes du Languedoc par le marquis de Montrevel qui vient juste de gagner son bâton de maréchal. Avec des hommes tout frais, il inflige une lourde défaite aux camisards le 6 mars 1703 à Pompignan. Mais la déroute des camisards ne met pas fin à leurs incessantes embuscades. Montrevel se résout à sévir contre les civils en usant de la manière forte. Il fait déporter à Perpignan les habitants de deux villages accusés d’aider les insurgés.À l’automne 1703, il enclenche une opération de grande envergure destinée à à priver les insurgés de leur appui parmi la population. Le « Brûlement des Cévennes » va conduire à la destruction de 466 villages et hameaux protestants dont les habitants seront envoyés dans des régions catholiques ou tués.Cette politique punitive va s’avérer contre-productive et aura pour effet de dresser davantage les populations contre le pouvoir central.Devant la difficulté des troupes régulières à rétablir l’ordre, les catholiques cévenols forment leur propre milice et ajoutent à la confusion en pillant et massacrant.Fin de la rébellionLe 15 mars 1704, Cavalier et ses hommes triomphent d’un régiment de marine deux fois supérieur en nombre à Martignargues. Près de 300 des meilleurs fantassins du Languedoc périssent. Ce désastre pousse Louis XIV à faire appel au maréchal de Villars pour remplacer Montrevel. Le maréchal de Villars est partisan de l’apaisement et propose un armistice. En difficulté, Cavalier accepte de négocier. Après avoir déposé les armes, il rejoindra la Suisse et se mettra au service du duc Victor-Amédée II de Savoie... Mais derrière Rolland, de nombreux camisards décident de poursuivre les combats. Le 13 septembre 1704, une centaine de camisards sont tués à Saint-Bénezet. Les derniers chefs se rendent et la plupart partiront à l’étranger.Le bilan humain de cette guerre est difficile à évoluer. L’intendant Basville l’estimera à 14 000 victimes, un chiffre à prendre toutefois avec des pincettes. | |
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Noel Fondateur
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| Sujet: Re: Les camisards Dim 13 Mar 2022 - 14:44 | |
| Merci Mimi. Intéressant. Triste tous ces massacres. | |
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