À quel événement fortuit doit-on le système féodal ?
Le 16 juin 877, le roi carolingien Charles le Chauve réunit à Quierzy-sur-Oise ses compagnons de combat (en latin comites, dont nous avons fait comtes). Il veut les emmener en Italie secourir le pape menacé par les Sarrasins. Mais ses compagnons rechignent à une nouvelle expédition. Ils appréhendent de quitter les terres qu'ils ont reçu mission de défendre.
Dans les décennies passées, les souverains carolingiens, qui ne pouvaient être partout à la fois, avaient délégué à chacun de leurs meilleurs guerriers la défense d'une portion du territoire. Au fil du temps, la plupart des terres de l'empire étaient ainsi passées sous la tutelle d'un seigneur.
En échange des services rendus à leur suzerain, ceux-ci pouvaient pleinement jouir des revenus de leurs terres jusqu'à leur mort mais non pas les céder à leurs héritiers. Pour les amadouer, Charles le Chauve leur présente un capitulaire, autrement dit un texte réglementaire, par lequel il garantit les droits de leurs fils sur leurs terres au cas où ils viendraient à mourir pendant l'expédition.
Ce capitulaire de Quierzy-sur-Oise témoigne de la mise en place progressive d'une noblesse héréditaire destinée à suppléer aux défaillances du pouvoir impérial. Il en résultera la société « féodale », fondée sur des allégeances personnelles du vassal au suzerain. Dans ce cadre, chacun a un suzerain qui est son supérieur hiérarchique, à l'exception du roi qui trône au sommet. Le suzerain s'attache ses vassaux en leur concédant un fief. Il s'agit d'une source de revenus, en général un domaine agricole.