Les lavandières de nuit
Quen na zui kristen salver
Rede goëlc'hi hou licer
Didan an earc'h ag an aër.
"Jusqu'à ce que vienne un chrétien sauveur,
Il nous faut blanchir notre linceul
Sous la neige et le vent."
C'est l'histoire d'un mauvais garçon Wilherm Postik, qui ne croyait en rien, ni à Dieu ni à l'Ankou. Il ne craignait que la soif et les filles laides.Un soir, rentrant chez lui un peu tard, glacé par le froid de Novembre, il décida de passer au court par la douez (les douves). La girouette du chateau tenta de l'avertir de ne pas aller plus loin, la cascade le pria de s'arrêter, rien n'y faisait. Plus loin, il croisat L'Ankou et ne le reconnu même pas, "Qui es tu lui dit-il ?" "Je suis le frappeur sans regard et sans égard! Je prend et je surprend répondit l'Ankou." Mais ou vas tu aujourd'hui d'un pas si préssé lui dit Wilherm ? " Je vais chercher Wilherm Postik !" répliqua l'Ankou.
Wilherm éclata de rire et poussa plus loin.
Arrivant prés du lavoir, il apperçu deux femmes qui étendaient du linge sur les buissons. "Que voilà de jolies jeunes filles qui n'ont pas peur de la nuit, pourquoi étes vous si tard mes petites colombes ?"
"Nous lavons, nous séchons, nous cousons répondirent-elles."
Quoi donc demanda Wilherm ?
"Le linceul du mort qui parle et qui marche encore !"
Wilherm éclata de rire et continua son chemin. A mesure qu'il avançait, les coups de battoirs des lavandières se faisaient plus nets.
Dès qu'elles l'apperçurent, elles se précipitèrent en lui présentant leurs suaires lui demandant de les aider à les tordre. "Un petit service ne se refuse pas !" répondit-il aux belles lavandières.
Il posa son bâton et pris le bout du drap mortuaire ayant soin de le tordre du même côté, car il avait appris des anciens que c'était le seul moyen de ne pas être brisé. Mais pendant qu'il tournait, d'autres lavandières se mirent à tourner autour de lui. Il reconnu, sa mère, ses soeurs et sa tante qui lui criaient, "Mille malheur à celui qui laisse brûler les siens dans l'enfer, mille malheurs !!!" Toutes les lavandières reprirent en coeur; "Mille malheurs, mille malheurs !!!"
Wilherm, hors de lui, sentit ses cheveux se dresser sur sa tête et dans son trouble, il oublia un instant la précaution et tourna le draps de l'autre côté. A l'instant même, ses mains se prirent dans le linceul comme dans un étau. Il tomba broyé par les bras de fer de la lavandière.
Wilherm Postik était acquis à la damnation. Son corps fut déposé en dehors du cimetière, sous l'escalier de pierre, là où s'arrêtent les chiens et les mécréants.